Celle qui apporte les mauvaises nouvelles
Je suis toujours vivante. Enfin, physiquement. Pour le reste, disons que je n’ai pas l’impression d’être en vie. Ma main droite va mieux. Mais je m’en fous. Ce n’est pas de ma main droite dont j’ai besoin, c’est d’un nouveau cerveau. Qu’est-ce qui déconne chez moi ? Un jour je vais plutôt bien et j’arrive même à rêver d’un avenir un peu sympa, et le lendemain je déprime à fond et la moindre chose peut me jeter plus bas que terre.
M vient d’essayer de m’appeler. J’ai pas entendu l’appel, alors elle m’a laissé un message vocal. J’avais espéré que ce soit juste pour prendre de mes nouvelles, pour savoir si j’avais eu une réponse du centre de cure. Le seul truc que j’ai appris (grâce à un e-mail trop court et pas clair), c’est que mon admission est "favorable". Et bien, grâce à M, je sais maintenant à quelle date je serai admise. Bad news : pas avant le mois de novembre. Ce n’est pas la première fois que M m’annonce ce genre de choses, et que malgré mon envie de la voir, je redoute ce qu’elle va dire parce que je sais qu’il y a une chance sur deux que ce soit une mauvaise nouvelle. Verdict tombé. Un coup de couteau dans le ventre. L’impression qu’un poids de plus vient de m’écraser le dos.
Je sais plus quoi faire, quoi penser. J’ai envie de rappeler M, de pleurer, de lui redemander si ce n’est pas une erreur de planning, de voir avec elle s’il n’y aurait pas une solution pour que je sois admise plus vite… mais ce serait inutile. Pourtant… je vais quand même le faire. Juste pour entendre sa voix. Parce que je sais qu’elle est la seule qui pourra comprendre à quel point je souffre, là tout de suite.