"suffit de s'organiser"
J’ai commencé une formation. Double peine pour moi, donc. Non seulement je dois lutter contre mon addiction à l’alcool, mais en plus je passe mon temps à être testée, examinée, à devoir réfléchir à fond et m’user jusqu’à en avoir mal au crâne.
Ma famille - surtout ma mère - ne m’est d’aucune utilité. Pas de soutient. Rien. Voire pire : on me juge stupide de faire cette formation et on se moque de moi pour ce choix-là. Dernière discussion en date avec ma mère, hier soir, ça a duré une heure et demi, et j’en suis ressortie complètement défaite et en pleurs. Totalement épuisée, je suis allée me coucher tôt sans même manger. Je ne pouvais tout simplement pas manger, je… je ne pouvais plus rien faire en fait. Avant, je croyais que le vrai poison était mon paternel, et vu qu’il ne fait plus parti du tableau, je me sentais plutôt en sécurité. Jusqu’à ce que je remarque que ma mère avait ses propres problèmes… et qu’elle reportait ça sur moi sans même s’en apercevoir. Super. Donc, c’est toujours moi qui ait le mauvais rôle, et qui doit tâcher d’expliquer à ses parents ce qu’ils font de mal, sans les blesser. Tâche impossible. Mon père était un véritable mur ; incompréhension totale par rapport à ce que je lui disais. On parle quand même d’un type qui me disait en criant à chaque fois qu’il s’énervait : "je vais te taper la tête contre le mur!" Et ma mère, comment dire, elle fait comme si elle était ouverte à la discussion, et ensuite elle s’énerve et m’accuse d’être une mauvaise fille parce que "je la critique". Je veux juste m’expliquer bordel ! Pourquoi est-ce si difficile ? Je suis une personne sensible. En quoi est-ce si compliquée de s’en rappeler ? Je ne demande pas qu’on agisse toujours avec délicatesse avec moi - je ne suis pas si exigeante -, je veux simplement qu’on essaye de se rappeler que parfois je peux prendre les choses en pleine poire et que ça peut être vraiment vraiment très douloureux.
Voilà ce qui se passe en ce moment dans ma vie. D’un côté, je suis supposée bosser au mieux, être efficace. Et de l’autre, je dois être "la fille parfaite", celle qui doit toujours avoir le temps d’écouter sa mère raconter ses histoires de mecs ou autre. Où est le temps que je m’accorde pour moi, dans tout ça ?? ?
Le message que je retiens et qui me foire complètement le cerveau, c’est que je n’ai pas de place. Je ne suis censée exister que pour les autres ou pour une activité en particulier, et non pas parce que moi j’ai des rêves, des plans, des envies, des besoins… Autant dire que ma dépression a vite refait surface. Elle n’était jamais vraiment partie, mais là, j’en suis revenue au point le plus insupportable, celui où je veux mourir et où l’idée ne me quitte pas une seule seconde.
Quand je me regarde dans le miroir, je me trouve une sale tête. Fatiguée, des cernes sous les yeux, un regard éteint et triste, des lèvres incapables d’un vrai sourire. Et j’ai peur que ça continue. Que ça dure pendant toute ma formation, pendant trois mois. Et que je n’y survive pas.