"Le dernier jour d'un condamné."
Je me souviens l’avoir lu, quand j’étais encore à la FAC. Je me rappelle à peine de l’histoire de ce livre. C’est seulement le titre qui me hante de façon étrange, depuis que je sais avec certitude la date de mon entrée en centre de cure.
Il y a désormais 8 personnes au courant de mon problème d’alcoolisme. Et c’est 8 personnes de trop. Au fond de moi, il y a toujours cette voix en colère qui trouve cela agaçant, qui s’insurge, et qui continue à hurler que j’aurais dû trouver le moyen et la force de me débrouiller seule avec mes démons. Alors, aller en cure, c’est admettre ma défaite… et c’est difficile à vivre, comme pensée.
J’avais d’abord songé à racheter du rhum et à faire une sorte de fête ininterrompue sur deux jours, le dernier weekend juste avant mon sevrage à l’hôpital. Sauf que ma mère et mon frère ont voulu organiser un repas de famille, donc ça ne me laisse que le dimanche de disponible. Dernière journée seule avec moi-même.
Alcool ou pas ? Soirée au cinéma ? Repas au restaurant, peut-être ? Nuit blanche et jeux vidéos ? Ou alors essayer d’écrire un morceau d’histoire que je ne terminerai jamais ? Je ne sais pas quoi faire, quoi prévoir. Ce qui est sûr, c’est que je n’arrête pas d’y penser. Dans l’idéal, ce que je voudrais le plus, ce serait de passer la soirée avec M, de rire avec elle sans stresser à propos du lendemain, puis qu’il soit l’heure de se coucher et qu’elle vienne à mes côtés, que je m’endorme dans ses bras d’un sommeil profond, sans rêves, réparateur, et magnifique. Bien entendu, c’est impossible. Je suppose que s’il s’agissait de mon dernier jour en vie, que j’étais vraiment condamnée, j’aurais plus de chance que cela soit possible.
Mais je ne suis pas condamnée. J’ai simplement l’impression de l’être.