Encore une soirée
C’est à croire que je ne vis que pour ça. Les soirées, les fêtes, la musique, danser, boire… En ce moment, je ne savoure rien, je n’arrive pas à me sentir vivante. Je me lève mais je n’ai pas l’impression d’être réveillée. De toute façon, je dors mal. C’est de pire en pire : maintenant, j’en suis à me réveiller en pleine nuit et à ne pas réussir à me rendormir, ou à faire des cauchemars.
Mercredi dernier, fête de la musique donc. J’avais déjà bien picolé le samedi précédent, et j’avais passé les jours d’après à me sentir honteuse de cette soirée-là. Alors, je me suis dit que mercredi, j’allais faire les choses bien. Et… cela n’a pas fonctionné comme je l’espérais, disons. Je savais que M serait là, et cette fois, je m’étais préparée mentalement, et surtout, émotionnellement. Enfin, j’ai fait ce que j’ai pu, parce que contrôler totalement ses émotions est impossible. J’ai bu juste assez pour ne pas trop m’en soucier, et je me suis arrêtée de boire juste avant d’en arriver au point où le lendemain serait une catastrophe. Le problème, c’est que tout s’est enchaîné : voir M samedi et péter un câble, m’en vouloir, ne pas pouvoir faire mieux le mercredi lorsque je me retrouve devant elle une seconde fois, et la revoir ensuite pour un rendez-vous au Centre le lendemain. Mon cœur n’a pas réussi à suivre… Le jeudi était une torture. Je voulais lui parler de la fête de la veille, je voulais passer un bon moment, qu’on discute d’autre chose que de mes emmerdes avec l’alcool, pour une fois… Mais bien sûr, ce n’était pas le lieu pour ça. D’ailleurs, plus j’y pense, et plus je crois comprendre ce qui se passe. M garde une distance, elle sépare les choses. Et après tout, c’est normal, non ? En dehors du Centre, nous ne nous connaissons pas. Je ne suis pour elle qu’une autre personne parmi tant d’autres qui viennent pour chercher de l’aide par rapport à leurs addictions.
Pourquoi fallait-il que je retombe amoureuse ? Parce que, après plusieurs tentatives de déni, je ne peux plus l’exprimer autrement. Je suis amoureuse. Mon stupide cœur a encore une fois décidé de ressentir des choses pour quelqu’un d’inaccessible. Le plus affreux dans cette histoire, c’est que tout est de ma faute. Je ressens ça, et M n’a rien fait pour que ça arrive. Quand elle m’a demandé pourquoi j’avais trop bu le samedi, j’ai été obligé de lui mentir. Je ne pouvais pas lui raconter la vérité. Je ne peux pas le lui dire, je ne veux pas qu’elle se sente mal ou gênée à cause de moi.
Hier soir, j’ai picolé. J’ai beaucoup trop bu. Je ne sais pas à quoi je pensais. Peut-être que j’espérais calmer ma peine. Idée stupide. L’alcool n’a jamais guéri mes peines de cœur. Mais on va dire que je n’ai que ça, donc…