La vérité et autres mensonges

Nouveaux mensonges

On pourrait dire que j’ai fait des progrès, depuis la dernière fois. Une part de moi se doute que ça ne durera pas, cette lancée en avant, cette impression que les choses peuvent s’améliorer, que peut-être que je vais enfin mieux. Je le sais, je connais ce schéma : la dépression, le gouffre, la remontée, l’espoir, la déception, la colère, le vide, et la souffrance à nouveau.

J’ai revu M, j’ai fait plusieurs soirées, j’ai aussi supporter pas mal de conversations familiales blessantes. Bref, je suis toujours en vie. Côté alcool, ça s’arrange légèrement. Mais côté santé mentale… il y a encore pas mal de problèmes. Hier soir, je me suis retrouvée à péter les plombs juste à cause de mon téléphone qui ne fonctionnait pas. Alors que je n’ai jamais été une de ces personnes totalement accro à leur téléphone, à Internet, ou aux écrans ! Et là, je me suis sentie… perdue. Encore plus perdue que d’habitude. Parce que je ne savais même pas contre quoi j’étais en colère, pourquoi des larmes de rage s’échappaient de mes yeux, pourquoi je serrai les bords du lavabo de mes mains sans pouvoir les desserrer. Après cet épisode, je me suis sentie idiote. Une nouvelle preuve que je ne vais pas bien.

En apparence, je suis souriante et sympathique. Même avec M l’autre jour, j’ai discuté tranquillement, sans évoquer mes rêves troublants ou mes moments difficiles. Je ne sais pas… je n’avais sûrement pas envie de l’encombrer avec tout ceci. Ce qui est stupide, puisqu’elle est, d’une certaine façon, là pour ça. Je crois que c’est une manière de mieux "gérer" mes sentiments pour elle. J’essaye de faire davantage ressortir mes bons côtés, quand je suis avec elle, pour moins lui laisser de prise sur moi, en quelque sorte. Je me rends compte que je lui donne bien trop d’importance, je sais que je lui confie trop de choses alors qu’elle n’a rien demandé. C’est difficile pour moi de ne pas agir comme ça…
J’ai beau mentir à ma famille, ou à mes soi-disant "amis", je connais la vérité. Et la vérité, c’est que je passe des journées entières à attendre l’appel de M pour fixer notre prochain rendez-vous, que je n’arrive pas à me défaire de cette pensée, que je scrute mon téléphone sans cesse, et que je suis tellement sur les nerfs que je crois parfois entendre ma sonnerie retentir alors que personne n’appelle. Drôle de façon de "gérer" ses sentiments, pas vrai ? Non, en vérité, je ne gère rien du tout, je fais juste semblant. Qui sait ? Peut-être qu’un jour je finirai par me mentir à moi-même et croire réellement que je suis capable de surmonter tout ça…