Je ne sais pas ce qui ne va pas avec moi
Samedi dernier, soirée en famille. Enfin, ce qu’il en reste. C’est-à-dire : ma mère, mon petit frère, et moi. On est allé au marché de Noel de Montpellier. Tout était censé bien se passer. Alors pourquoi j’ai vécu une soirée horrible ? Sûrement parce que je suis la seule de ma famille à ne pas supporter les discussions sur l’actualité, les dernières infos, ce qui se passe dans le monde etc. Disons que ça fait partie des choses qui m’angoissent. Et puis, je ne comprends vraiment pas comment on peut se retrouver à parler de la guerre en Ukraine, alors qu’on se balade tranquillement dans un marché de Noel avec des stands tous plus beaux les uns que les autres et une ambiance festive et joyeuse. Non, vraiment, je ne comprends pas.
Depuis que j’ai fini de lire les 25 romans de Patricia Cornwell que j’ai acheté, ma vie me semble à nouveau merdique. Un peu comme si un accident avait soudainement emporté mes plus proches amis en seulement quelques secondes. Pouf, disparus, plus rien. Finies les histoires. Au revoir, personnages adorés. J’ai beau les relire, je n’y retrouve pas le plaisir initial.
Chaque jour, j’ai de nouvelles raisons qui me poussent à boire. Je veux dire, à boire comme avant, quand je n’avais aucune limites et aucun suivi médical. Pour l’instant, j’en suis à devoir respecter quatre règles :
1) pas d’alcool le lundi.
2) ne picoler qu’entre 19h et 22h.
3) quand je vais à des soirées, je dois boire au moins deux verres de moins que d’habitude.
4) quand je picole seule chez moi, ma limite se fixe à deux bières et neuf shots de rhum.
Voilà où j’en suis. Autant dire que ce n’est pas glorieux. Je sais que je ne devrais pas me juger si durement, mais c’est plus fort que moi. J’ai toujours été comme ça. Inflexible avec moi-même.
Bon sang, mais qu’est-ce qui a foiré ? Qu’est-ce qui a fait que je sois… compliquée, perdue, débile, folle, enragée, isolée ? J’ai souvent peur de rester comme ça toute ma vie. Dans ces moments-là, me revient l’idée sombre et séduisante de me suicider. Car, après tout, pourquoi vivre ce calvaire encore des mois, des années ? Ce serait plus simple d’arrêter les frais maintenant.
Non, je dois essayer de ne pas céder. Si je me tuais, ce serait m’avouer vaincue. Et j’en ai assez de pleurer sur mon sort, de rester seule avec ma dépression. La tristesse me tire vers le fond du gouffre. Mais j’ai une autre alliée, la colère. Et c’est la colère qui me pousse à grimper sur la corde tendue au-dessus du gouffre et à m’y accrocher de toutes mes forces.
"Nos actes s’attachent à nous comme sa lueur au phosphore ; ils font notre splendeur, il est vrai, mais ce n’est que par notre usure." André Gide