Premiers pas
J’ai… beaucoup de choses à dire. Tout d’abord, je peux maintenant faire un bilan de ma période de sevrage à l’hôpital et de la post-cure qui a suivi ; je rentre chez moi mardi prochain. Bien sûr que ça n’a pas été facile à vivre. Cependant, j’en ai retiré des pistes, de petits morceaux d’espoir, de quoi tenter de m’améliorer. Alors je n’aurai pas fait tout ça pour rien, finalement…
Il va falloir que je recommence à vivre. Cette parenthèse s’achève, et les responsabilités vont me retomber dessus. Mais ce n’est pas ça qui m’inquiète. Ma relation avec ma mère m’angoisse toujours, et j’ai peur que cela me fasse sombrer au fond d’une bouteille de rhum, un jour. J’ai réussi à la mettre à distance durant ma cure, en grande partie parce que nous étions éloignées par deux heures de route. Maintenant que je m’apprête à rentrer… elle recommence. Je pense qu’elle s’est perdu dans son amour pour ses deux enfants. Mon frère et moi, nous sommes surprotégés par elle. Et à certains moments, j’ai la sensation qu’elle m’étouffe. Je… je ne peux pas vivre avec ça. En tout cas, pas sans alcool. Or, j’ai arrêté de boire, et je n’ai pas l’intention de reprendre mon ancienne routine d’alcoolique. Je me sens mieux, peut-être pas toujours très bien mentalement, mais quand même il y a eu du progrès. Je veux que ça continue. Je n’ai pas envie de laisser tomber alors que j’ai enfin une piste, un début de chemin vers quelque chose que je ne voyais pas avant… C’est un combat de plus : ne pas céder face à ma mère.
Ma priorité désormais, c’est ma santé. Je crois que je l’ai négligée depuis trop longtemps.