J’en ai un paquets, des idées comme ça. D’abord, c’est juste une pensée soudaine. Une phrase, quelque chose qui n’a pas d’âme et qui contient des mots que je dois intégrer. Et ensuite, je comprends le sens de ce que je viens de penser, et je souris, je me sens contente, je me dis que c’est une bonne idée. Je suis tellement fière de cette idée que je m’imagine la suivre, je m’imagine le résultat et je me vois comme une battante, une guerrière sans peur, qui va rendre cette simple pensée réelle. Alors, j’agis. Et pendant quelques secondes, je suis effectivement invincible. Jusqu’à ce que tout m’atteigne à nouveau correctement, que le monde perde cette image déformée que je lui avais donnée, cette rêverie dans laquelle j’étais capable de tout et où j’étais cette personne forte et sûre d’elle… Alors je redeviens cette jeune femme stupide avec ses idées stupides. Je réalise que ce que j’ai fait était une erreur, et que je n’aurais jamais dû suivre mon idée qui pourtant me semblait si géniale. Je me sens si faible, soudain… Je me sens idiote, la dernière des idiotes, une véritable andouille. Et j’ai honte de moi. J’en arrive à être en colère contre moi. Puis à me sentir triste, parce que je sais que la prochaine fois qu’une idée de ce genre débarquera dans mon esprit je reproduirai exactement le même comportement. Ce cycle ne s’est jamais arrêté.

Là, mon idée du jour est celle-ci : et si j’allais faire un tour à l’église pas loin de chez moi ? En fait, la vraie idée serait d’aller chercher du soutien. J’ai personne autour de moi, hormis M. Et je ne peux pas la voir autant que je le voudrais, donc globalement, je suis toute seule. Bon, bien sûr, je ne suis pas naïve au point de croire que ça va être la solution à tous mes problèmes. Disons simplement que je ne dirai rien de moi, je ne parlerai que d’une chose, à savoir mon alcoolisme. Et je verrai bien si quelqu’un là-bas aura des conseils ou au moins deux trois paroles réconfortantes à me refiler…