La vérité et autres mensonges

Une semaine/une éternité

Dire que ça fait à peine une semaine… Une semaine que j’ai avoué à ma mère que je suis alcoolique. J’ai l’impression que ça fait tellement plus longtemps. Sans doute à cause du poids de toutes ces remarques et questions idiotes que je reçois, désormais. Il faut dire que ma mère a le chic pour mal annoncer les choses, pour s’exprimer de façon blessante sans même s’en rendre compte, ou pour dire des trucs franchement dégueulasses et ne pas penser une seconde à s’excuser après coup. C’est difficile de décrire l’espèce de tempête intérieure qui m’habite lorsqu’elle franchit une de mes limites ; j’arrive à peine à ne pas exploser et gueuler le premier truc qui me passe par la tête.

Jeudi, je vais enfin revoir M. Mais en vérité, je suis préoccupée par milles pensées, alors même l’idée de la retrouver ne me redonne pas ce sentiment de joie de vivre que j’ai l’habitude de ressentir. Une semaine sans sport, sans prendre soin de ce que je mange ou de la quantité que j’ingurgite, sans un sommeil stable et des nuits où je ne fais pas de cauchemars, sans faire vraiment attention à ma consommation d’alcool (j’ai juste limité la casse afin de ne pas atteindre le black out). Ouais, une semaine seulement, et j’ai la sensation d’en avoir passé cent. Ou plus. Dur de compter avec précision. Donc je sens déjà que parler avec M ne me sauvera pas. Pas entièrement, ça c’est sûr. Pas totalement, mais au moins un petit peu. Juste assez pour continuer. Mais continuer vers quoi ?

Un autre rendez-vous avec la psy ne m’a pas aidé. Mais bon, c’est que le deuxième, alors je lui laisse sa chance. Je crois que c’est la première fois où je m’énerve vraiment pendant un de ces rendez-vous, où j’en suis à un tel point que mes répliques sarcastiques sortent toutes seules et que je me retrouve à crier sur la psy qui n’a rien demandé… Un autre signe que je ne suis pas stable. Super.

"T’en fais pas, tu vas guérir et après, ce sera derrière toi, tout ça." Une phrase que m’a dit ma mère. Une de ces phrases qui m’énervent tellement que ça me donne envie de boire à la seconde où je l’entends. Guérir, hein… comme si ça pouvait se faire en cinq minutes. Et puis, même si j’y arrive, ça me mènera où ? Si c’est pour continuer à supporter une vie horrible, franchement, je me demande si c’est une bonne chose…